Développement personnel - véritable médecine de l'esprit, simple effet de mode ou arnaque du siècle ?
Pour la petite histoire.
En ce début d’année mon intuition me disait que cette année serait différente des autres. J’avais signé le contrat de mes rêves, celui qui allait me permettre de passer du statut d’étudiante à femme active, de travailler chez un grand groupe international, dans la superbe ville de Munich. Je n’attendais plus que le permis de travail pour commencer et d’après les renseignements que j’avais soigneusement collectés, ça devait être une formalité. Seulement voilà, au lieu de ressortir de la préfecture avec un permis de travail, je repartais avec des larmes plein les yeux, et un ordre de quitter le territoire dans les jours prochains.
Alors que j'essayais de comprendre ce qu'il venait de m'arriver, je voyais beaucoup circuler sur les réseaux sociaux une certaine vidéo du youtubeur Sudehy relatant le parcours d'Abraham Lincoln. Ce type de contenu de plus en plus présent sur les réseaux sociaux s’inscrit dans la catégorie « développement personnel ». Comme Sudehy, plusieurs influenceurs et chaînes à l'instar de Trans-formations, David Laroche, Femme d'influence en France en passant par Jay Shetty, Prince EA, ou encore Tom Bilyeu et Steve Harvey à l’international diffusent du contenu sur des thèmes comme la pensée positive, la confiance en soi ou encore la poursuite de ses rêves.
J’ai alors repensé à cette conversation que j’ai eue avec une amie sur le sujet, durant laquelle elle m’expliquait qu’elle détestait ce genre de posts. Une recherche Google plus tard, je découvrais des centaines d’articles et vidéos sur le sujet « développement personnel ». Au-delà des post Facebook, il y a un énorme marché sur ce créneau pour des usages à la fois personnel et professionnel, mais aussi des critiques notamment négatives qui à défaut d’être justifiées, valent la peine d’être entendues. Dans cet article vous trouverez donc une synthèse de tous ces différents aspects suivi d'une analyse personnelle.
La quête du bonheur par le développement personnel, ça remonte à quand ?
Déjà c’est quoi le DP ? Selon Wikipédia, le terme renvoie à toutes activités proposant « de développer une connaissance de soi, de valoriser ses talents et potentiels, de travailler à une meilleure qualité de vie, et à la réalisation de ses aspirations et de ses rêves ».D’une certaine manière le développement personnel a toujours existé, du moins on en trouve des traces dans des notions philosophiques de l'antiquité comme le stoïcisme, de l’épicurisme, du bouddhisme et des religions.
Puis, beaucoup d’auteurs à comme Alfred Adler et Carl Gustav Jung ont grandement contribué à l’arrivée du développement personnel comme on l’entend aujourd’hui. Jung a introduit sa théorie de l « individuation ». Une notion qu’il définit lui-même comme étant le « processus par lequel un être devient un in-dividu psychologique, c'est-à-dire une unité autonome et indivisible, une totalité » . Adler, quant à lui, a élargi le rôle de la psychologie au-delà de son rôle thérapeutique. Il est à l’origine de la notion de « lifestyle », qui est une approche individuelle, et personnelle de la vie, où l’on se forge une image de soi, afin d’affronter ses problèmes.
Le développement personnel d’aujourd’hui aurait vu le jour aux États-Unis. Le concept aurait prit son envol avec le mouvement de contre-culture américaine des années 1960, marquées par la libération des mœurs, la recherche de la connaissance de soi, la redécouverte du rapport à l’autre, de son corps et de ses exigences, et l’idée de renouer avec la nature. A cette époque, émergent alors de nouvelles méthodes psycho-thérapeutiques pour favoriser le l’épanouissement personnel (source).
Un marché en pleine expansion : Qui consomme? Quoi et Où?
Le marché de DP qui vise à la fois les particuliers et les professionnels, est vaste et comprend une grande variété de produits notamment des livres physiques, électroniques et audio, des cours en ligne, des programmes de coaching, des webinaires, des masterclasses, des conférences et des applications mobiles pour ne citer que ceux-là.
Selon une étude réalisée par Market Research, le marché du développement personnel valait environ 10 milliards de dollars en 2016 et devrait atteindre plus de 13 milliards de dollars d'ici 2022. Selon l’étude, les livres occupent une place de choix et génèrent des revenus conséquents. Viennent ensuite les services de coaching personnel et conférenciers motivateurs, suivis des applications mobiles (source).
Ce succès varie selon les régions. Les ventes de livres explosent dans les pays développés mais aussi dans les pays émergents grâce à l’entrée d’éditeurs sur les marchés locaux. Dans le top 10 des livres imprimés les plus vendus aux États-Unis en 2018, « Becoming » de Michelle Obama occupe la première place avec plus de 3,4 millions de ventes.
Suivi de près en 3ème position par « Girl, wash your face » par Rachel Hollis et vendu à 1,28 million d'exemplaires. Booknet Canada un organisme qui produit des rapports sur l’industrie canadienne du livre, a enregistré une augmentation de 27% entre 2016 et 2017 dans la catégorie DP . Selon les chiffres de Nielsen Book Research, au Royaume-Uni, la littérature sur DP a vu une augmentation des ventes allant jusqu'à 20% s'élevant à 3 millions de livres (source).
Quant aux consommateurs,l'étude révèle que les millennials dépensent deux fois plus que les baby-boomers en DP et stimule la croissance de cette industrie. 94% d'entre eux aurait déclaré prendre des engagements d'amélioration personnelle et seraient prêts à dépenser près de 300 $ par mois pour cette activité notamment en applications de coaching de vie et de bien-être ou autre.
Le DP connait aussi un grand succès dans le cadre du bien-être au travail.
Le développement personnel dans le monde de l’entreprise est défini comme un processus de connaissance de soi qui permet de se sentir épanoui au bureau. Il concerne le management ainsi que les employés et vise l’amélioration de la performance et l’atteinte des objectifs. Si avant l'épanouissement des collaborateurs apparaissait comme un bonus aujourd’hui c’est un sujet central. En tout cas c’est ce qu’affirme le PDG de Bloomr, une startup qui propose des programmes d’accompagnement en DP à des professionnels. L’entreprise dont la plupart des clients sont des grandes entreprises vient, parfois, compléter le travail des ressources humaines : « Ils ont tellement de tâches administratives qu'ils n'ont plus la capacité de gérer la personne derrière le salarié, mentionne le PDG. C'est pour cela que de nombreuses entreprises spécialisées dans le bien-être émergent. » (source).
Effet de mode? Arnaque du siècle? Les principales critiques.
De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la prolifération de contenu sur les thèmes du développement personnel. La plupart d’entre elles dénoncent principalement un manque de fondement scientifique et l’absence de régulation. Certains pointent aussi « l'inefficacité » de ces pratiques et d’autres parlent même d’un danger social notamment avec le risque de dérives sectaires.
Il s’avère à l’heure actuelle que le « développement personnel » n'a aucune définition institutionnelle et n'est encadré par aucune autorité en France ou à l'échelle européenne. De plus, le métier de « coach en développement personnel » n'est régulé par aucune autorité professionnelle, même si certains organismes privés proposent des formations diplômantes, délivrant des attestations sans valeur professionnelle réelle. Ainsi, n'importe qui peut prendre le titre de coach ou conseiller en développement personnel « accessible sans diplôme particulier ». Julia de Funès décrie ainsi l'écart entre les promesses "spectaculaires" du DP et l'absence de qualification de ses praticiens : « C'est fou qu'on ne demande pas d'expertise ! Ça ne viendrait à l'idée à personne de se faire opérer du genou par un type qui a fait 18 mois d'études ; on préfère un chirurgien qui a fait 12 ans. Pour l'esprit, apparemment, on est plus laxiste. Pourquoi ? » — Dr. Julia de Funès, sur France Inter (source).
Une autre critique générale concerne l’inefficacité des résultats associés à ces pratiques. D’une part parce que la clientèle se constituerait de clients répétitifs et d’autre part parce qu’on évoluerait dans une dynamique ou c’est l’offre crée la demande. En faisant l’apologie d’un bonheur quantifiable sur un ton moralisateur, normatif ou culpabilisant des auteurs incompétents voire douteux (d’ailleurs souvent qualifiés de gourous, ou chamans) produisent des comportements antisociaux et narcissiques et entraînent de nouvelles frustrations chez le public visé.
De plus à cause de l’absence d’une définition institutionnelle un grand nombre de pratiques douteuses peuvent être proposées par des individus sous cette bannière. Des groupes considérés sectaires comme la scientologie ont été accusés de se servir des formations au développement personnel pour recruter de nouveaux adeptes et inciter les « clients » à une escalade de thérapies coûteuses (Source).
Sinon, qu'est ce qu'on pense de tout ça?!
Comme on a vu plus haut, le concept a toujours existé. Plus on avance dans le temps plus le contenu se développe, se diversifie et s'adapte à son public et son époque. Nous sommes à l'ère des réseaux sociaux, de l'ultra-connectivité, et du " un esprit sain dans un corps sain", alors est ce vraiment surprenant de voir une profusion de contenu sur le sujet ? Est ce que ça en fait un effet de mode? Peut-être. Mais ça ne remet pas forcément en cause la valeur ou richesse potentielle du sujet.
Plusieurs tendances comme la consommation de produits bio, détox ou encore de produits et services "eco-friendly" ont émergé au cours des dernières années . Si en théorie chacune est une potentielle source de bienfaits , en pratique ce n’est pas forcément toujours le cas. Des cures « détox » sont recommandées après les périodes de fêtes pour aider l’organisme à retrouver un certain équilibre après les excès. Nombreux sont ceux qui proposent des régimes, boissons et produits détox pour vous aider à atteindre ces objectifs, mais combien parmi ces solutions sont réellement efficaces ? Surement pas toutes. Les arnaques ça existe dans tous les domaines. Alors, au final le DP c’est comme à peu près tout dans la vie, on y retrouve du bon et du moins bon.
Quant à mon rêve de vivre une nouvelle aventure à l'étranger, il s'est brisé plutôt brutalement. Alors voir cette vidéo de Sudehy sur Abraham Lincoln, n'a certes pas arrangé ma situation mais m’a aidée en me donnant de l’espoir à un moment ou j'en avais besoin.
Les pratiques du DP peuvent être très utiles pour apprendre à être à l’écoute de soi, des autres, de l’environnement dans lequel on évolue et pour développer des mécanismes permettant d'appréhender les différentes situations face auxquelles on se retrouve.
Au-delà d’apporter une vue d’ensemble sur le sujet ma démarche vise à vous inciter à vous intéresser à ces thèmes qui selon moi peuvent apporter une réelle valeur ajoutée à votre expérience humaine.
Au-delà d’apporter une vue d’ensemble sur le sujet ma démarche vise à vous inciter à vous intéresser à ces thèmes qui selon moi peuvent apporter une réelle valeur ajoutée à votre expérience humaine.
Et vous ? le DP ça vous parle?
Je vous laisse méditer sur cette citation de Bouddha qui disait :
" Ne croyez pas en quelque chose simplement parce que vous l’avez entendu.
Ne croyez pas en quelque chose tout simplement parce des gens le disent et que c’est répété par de nombreuses personnes.
Ne croyez pas en quelque chose simplement parce c’est écrit dans vos livres religieux.
Ne croyez pas en quelque chose sur la seule autorité de vos professeurs et des anciens.
Ne croyez pas aux traditions parce qu’elles ont été prononcées pour de nombreuses générations.
Mais après observation et analyse, lorsque vous trouverez que tout est en accord avec la raison et est propice au bien et au profit de tous et chacun, alors acceptez-le et vivez pour cela".
PS.
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